Jeudi 1er juin Sur la rive gauche de la Meuse, succession de violents combats. L'ennemi, à la suite d'un bombardement de deux jours, a lancé des attaques concentriques et répétées, à gros effectifs, sur nos tranchées à l'est du Mort-Homme et de part et d'autre du village de Cumières. Il a été repoussé avec de grosses pertes. Toutefois, au sud du bois des Caurettes, nous avons dû évacuer notre tranchée de première ligne, nivelée par le bombardement. Au sud de Cumières, nous avons d'abord été refoulés dans la direction de la station de Chattancourt, mais une vive contre-attaque de nos troupes nous a permis de ramener l'ennemi jusqu'aux abords du village. Les fractions allemandes qui à la faveur du brouillard, s'étaient glissées le long de la Meuse jusqu'à la tranchée de la station de Chattancourt, ont été anéanties par nos feux. Ultérieurement, deux coups de main sur les pentes du Mort-Homme nous ont permis de faire 245 prisonniers. Sur la rive droite de la Meuse, violente canonnade entre le fleuve et le fort de Vaux. En Alsace, l'ennemi nous a attaqués près de Seppois. Ses attaques ont été rejetées. Les Italiens tiennent bon dans la vallée de l'Adige : ils ont cédé du terrain dans la région d'Asiago. Les Bulgares ont occupé la gare de Demir-Hissar (Macédoine grecque). Entre cette ville et le lac Doiran, nous avons occupé Poroj. |
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Le plus luxueux des illustrés allemands, l'Illustrirte Zeitung, de Leipzig, paraissait la semaine dernière avec la couverture ci-contre :
Un soldat allemand lit son journal tandis qu'il contraint un prisonnier français à peindre sa guérite aux couleurs allemandes. |
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Samedi 3 juin En Argonne, combat a coups de grenades dans le secteur de Vauquois. Sur la rive gauche de la Meuse, une contre-attaque de nos troupes nous a permis de progresser d'une centaine de mètres dans les boyaux ennemis, au sud du bois des Caurettes. Entre ce bois et le village de Cumières, nos tirs de barrage ont arrêté une attaque ennemie. Sur la rive droite de la Meuse, la bataille s'est poursuivie avec un extrême acharnement de la ferme de Thiaumont à Vaux et à Damloup. Des attaques continuelles se sont succédé, menées en masses compactes. La magnifique résistance de nos troupes a eu raison des efforts de l'ennemi. A l'ouest du fort de Vaux, nos contre-attaques, répondant à chaque attaque allemande ont empêché tout progrès de l'adversaire. Devant le fort de Vaux, que les Allemands cherchaient à enlever, la lutte a atteint une violence sans précédent. Les colonnes d'assaut, fauchées par nos tirs, ont subi des pertes énormes. Les renforts ennemis pris sous le feu de nos batteries lourdes, ont reflué en désordre jusqu'à Dieppe. L'ennemi a réussi à pénétrer dans le village de Damloup, dont nous tenons la majeure partie. Lutte d'artillerie sur toute la rive droite de la Meuse. Une grande bataille navale a eu lieu entre la flotte de haute-mer allemande et une division anglaise qui a été finalement secourue par le gros de l'escadre, dans le Skager Rak. Les pertes sont grandes de part et d'autre. |
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Mercredi 7 juin Sur le front nord de Verdun on ne signale aucune action d'infanterie. Toutefois la lutte d'artillerie a continué avec violence dans la région Vaux-Damloup. Le chef de bataillon Raynal, qui défent le fort de Vaux, est promu commandeur de la légion d'honneur. Bombardement sur le front belge. Les Russes ont fait, dans leur offensive du front de Galicie et de Volhynie, plus de 25000 prisonniers jusqu'ici, dont près de 500 officiers. Ils ont capturé 27 canons et 50 mitrailleuses. Les Autrichiens avouent que l'offensive a été puissante, que l'ennemi ne cesse de se renforcer, et que, sur certain points, ils ont reculé de 5 kilomètres. La défensive italienne semble avoir brisé les attaques autrichiennes, aussi bien dans le val d'Astico que sur le plateau d'Asiago. En tout cas, la situation du général Cadorna s'est fortement amélioré. Lord Kitchener, le ministre de la guerre britannique, a coulé avec son état-major à bord du croiseur-cuirassé Hampshire, près des Orcades. Il se rendait en Russie. Le combat d'artillerie et de mines est devenu très intense dans les secteurs anglais du front français. Le cabinet d'Athènes a protesté auprès de l'Entente contre la mise en état de siège du secteur de Salonique. |
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La Voie Sacrée, par Georges Scott |
Verdun, à vol d'oiseau |
![]() Czernowitz |
Mardi 13 juin A l'ouest de Soissons, notre artillerie a détruit des ouvrages de l'ennemi et provoqué une explosion dans ses lignes. Sur la rive gauche de la Meuse, bombardement de la région de Chattancourt. Sur la rive droite, après un violent bombardement, l'ennemi a donné un assaut à nos positions du nord de Thiaumont. Il a été complètement repoussé avec des pertes sérieuses. Canonnade très vive de nos secondes lignes, vers Souville et Tavannes. Une attaque sur nos tranchées à l'est du fort de Vaux a été brisée. Nous avons débarqué quelques troupes dans l'île de Thasos, en face de Cavala. Les Russes ont encore fait 7000 prisonniers. Ils ont pris la tête du pont de Zalescyki, sur le Dniester, et combattent pour les faubourgs de Czernowitz. Nos alliés ont occupé la ville de Doubno en Volhynie, et infligé des échecs aux Allemands, dans le secteur de Riga et sur le Styr. Les Italiens ont reconquis plusieurs positions dans la région des Sept-Communes. Le roi d'Italie a commencé ses consultations pour former le nouveau cabinet. Les chances de M. Salandra semblent diminuer. On parle d'un ministère Boselli. |
Mardi 20 juin Entre Avre et Oise, deux détachements ennemis, après un vif bombardement, ont tenté d'aborder nos lignes. Ils ont été repoussés à coups de grenades. Sur la rive gauche de la Meuse, lutte d'artillerie intermittente (région de la cote 304) ; Et sur la rive droite, le bombardement a été violent au nord de l'ouvrage de Thiaumont et dans les secteurs de Vaux-Chapitre et de Souville. Une escadrille ennemie a lancé de nombreux projectiles sur un village au sud de Verdun, où se trouvait un camp de prisonniers allemands. Plusieurs de ceux-ci ont été tués ou blessés. Lutte de mines en Argonne (Bolante, Vauquois, Fille-Morte). La ville de Kolomea, en Galicie, est menacée par les Russes. La presse pangermaniste elle-même avoue sa déception et son désarroi en présence de l'offensive foudroyante de Broussiloff. Le feld-maréchal de Moltke est mort subitement à Berlin. La démobilisation grecque apparaît partielle. Les Anglais ont opéré deux raids heureux, sur la Lys et près de Givenchy. Pour faire face aux menaces mexicaines, le président Wilson a appelé 135.000 miliciens aux armes. |
![]() le général Boehm-Ermolli avec l'archiduc héritier d'Autriche |
![]() le général Pflanzer-Baltin | Mercredi 21 juin Au sud de la Somme, un coup de main de l'ennemi dans la région de Lihons a complètement échoué. Sur la rive gauche de la Meuse, l'ennemi a bombardé activement les pentes sud du Mort-Homme et la région de Chattancourt. Notre artillerie a partout répondu par des tirs de barrage et des contre-préparations efficaces. Sur la rive droite, une attaque allemande prononcée contre nos positions au nord de la cote 321 a été repoussée par nos feux. Les Russes ont attaqué les Autrichiens dans la région de Pinsk ; la situation de l'ennemi apparaît très difficile. L'armée austro-hongroise de Pflanzer est complètement isolée depuis la prise de Czernowitz. Elle serait même coupée en plusieurs tronçons. Les Russes ont repoussé une offensive turque sur le front du Caucase. Les Italiens avancent lentement mais sûrement sur le plateau d'Asiago. Ils se sont emparés d'une cote dominante, en capturant des prisonniers. Vingt-sept combats aériens ont eu lien en une seule journée sur le front britannique. Un sous-marin anglais a abattu un hydravion allemand. Des troubles ont éclaté à Aix-la-Chapelle. Le bourgmestre de Leipzig engage ses concitoyens à subir en silence les privations. La Saxe proteste contre le régime des douanes intérieures qui contribue à l'affamer. Des bruits de crise ministérielle circulent à Athènes où M. Skouloudis déclare cependant de ne pas vouloir quitter le pouvoir. |
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Samedi 24 juin En Belgique, les tirs de destruction de nos batteries ont bouleversé les organisations ennemies dans la région des Dunes. En Champagne, entre Maisons-de-Champagne et le Mont-Têtu, les Allemands ont attaqué trois fois nos tranchées sur un front de 1200 mètres. Ils ont été arrêtés par nos tirs de barrage. Quelques prisonniers sont restés entre nos mains. Sur la rive gauche de la Meuse, deux attaques allemandes à la grenade ont échoué sous nos feux de mitrailleuses. Bombardement intense de nos deuxièmes lignes. Sur la rive droite, à la suite de violentes réparations d'artillerie les Allemands ont dirigé une série d'attaques offensives à grande envergure sur un front de 5 kilomètres depuis la cote 321 jusqu'à l'est de la batterie de Damloup. Les attaques se sont succédé avec un acharnement extrême, en dépit des pertes énormes que nous infligions à l'ennemi. Entre la cote 321 et la cote 320, les Allemands ont réussi à enlever nos tranchées de première Ligne et l'ouvrage de Thiaumont. Un puissant assaut allemand, qui était parvenu jusqu'au village de Fleury, a été refoulé par une vive contre-attaque. D'autres assauts sur les bois de Vaux-Chapitre, du Fumin et la batterie de Damloup ont été brisés. Nos aviateurs ont bombardé les gares de Grandpré, de Nantillois et d'Audun-le-Roman. Les Russes livrent un violent combat sur le canal d'Oghinski ; ils progressent en Bukovine. La pression italienne sur les Autrichiens s'accentue au plateau d'Asiago. |
Mercredi 28 juin En Argonne, dans la région de Bolante, nous avons occupé la lèvre sud d'un entonnoir provoqué par l'explosion d'une mine allemande. Sur la rive gauche de la Meuse, une attaque de nuit à la grenade, dirigée par l'ennemi sur une de nos tranchées, à l'ouest de la côte 304, a été aisément repoussée. Sur la rive droite, des opérations locales nous ont permis d'élargir nos progrès dans la région de l'ouvrage de Thiaumont. Les Allemands ont procédé à une attaque sur la partie du village de Fleury que nous occupons. Ils ont été complètement repoussés. Sur les Hauts-de-Meuse, une tentative à la grenade sur nos positions, près de Mouilly, a échoué sous nos feux. L'artillerie anglaise s'est montrée très active sur le front du Nord. Les tranchées ennemies ont été endommagées sur plusieurs points. Quatre grosses explosions s'y sont produites entre Pogières et Montauban (Somme). Le bombardement a été particulièrement vif près de Longueville, Gommecourt Givenchy-en-Gohelle, près de Loos, de Wyschaete et de Wailly. Les pertes allemandes sont considérables. Plusieurs raids heureux ont été accomplis par nos alliés. Six drachens au total ont été abattus. Les ambassadeurs alliés ont présenté leurs félicitations au gouvernement italien pour les succès qu'a remportés le général Cadorna. Le conseil des ministres français a ratifié la décisions prises à la conférence des alliés. Le butin des Russes monte à plus de 200.000 officiers et soldats. Le duc de Devonshire a été nommé gouverneur général du Canada. Une insurrection a éclaté au Monténégro contre l'Autriche. Le chérif de la Mecque a mobilisé trois armées contre les Turcs. M. Roosevelt a publié un manifeste en faveur de M. Hughes, qui fut son concurrent heureux à la candidature républicaine à la présidence des Etats-Unis. |
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Au moment où les Autrichiens viennent de subir une défaite écrasante sur le front oriental, cette carte postale,
répandue à profusion dans les empires centraux et qui représente l'empereur priant pour le succès |