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Dimanche 1er décembre Le roi d'Angleterre, George V, a quitté Paris. M. Clemenceau est parti pour Londres, ainsi que MM. Stephen Pichon, le maréchal Foch et Philippe Berthelot : il y conférera avec les ministres anglais et avec les ministres italiens. L'ex-impératrice d'Allemagne a rejoint en très modeste équipage Guillaume de Hohenzollern. M. Lloyd George a prononcé à Newcastle un discours électoral où il a abordé la question des indemnités à réclamer de l'Allemagne et celle du châtiment des coupables. "La paix, a-t-il dit, doit être d'une justice rigoureuse et inflexible. " M. Wilson fait annoncer qu'il viendra en Europe comme chef de la délégation américaine, qui comprendra M. Rouse, le général Bliss et sir Henri White. Le président de la délégation japonaise à la conférence de la paix est le marquis Saionji, ancien président du Conseil dont la francophilie est bien connue. La presse berlinoise de tous les partis a engagé une campagne extrêmement violente contre M. Kurt Eisner, en accusant la Bavière de séparatisme. Une réunion orageuse a eu lieu à Berlin, où les partis extrêmes continuent à réclamer la démission de Solf, d'Erzberger et de Scheidemann. Des massacres d'israélites sont signalés de divers côtés en Pologne. Des représentations ont été faites par l'Entente aux Pays-Bas. Une escadre interalliée ira au-devant de M. Wilson. D'après les statistiques publiées, un million d'Arméniens ont été massacrés au cours de la guerre. |
Mardi 3 décembre Les troupes avancées de la 2e armée britannique, commandées par le général sir H. Plumer, ont traversé la frontière entre Belio et Eupen, et se sont dirigées vers le Rhin. Elles ont atteint la ligne générale Burg-Reuland-Bullingen-Montjoie. La 3e armée américaine a franchi la frontière allemande et atteint la ligne générale Alfersteg-Wintencheid-Mastliom-Mulbach Cordel-Trèves-Saarburg-Trèves. Le maréchal Foch a fait afficher une proclamation en Prusse rhénane, à titre de commandant en chef, pour annoncer l'occupation du pays et invitant la population à obéir strictement aux ordres des autorités militaires alliées. M. Clemenceau et le maréchal Foch ont été reçus à Londres par de vives acclamations. L'assemblée nationale de l'Alsace-Lorraine fait parvenir à M. Poincaré un télégramme de félicitations et de bienvenue. La commission municipale de Strasbourg a élu son bureau. Un nouveau cabinet s'est constitué à Belgrade. Les élections polonaises ont été fixées au 5 janvier. Le gouvernement polonais de Pilsduski proteste contre l'occupation allemande. La situation de Kurt Eisner paraît ébranlée à Munich. On parle du ministre de l'Intérieur, le député socialiste Auer, comme d'un successeur éventuel. L'acte d'abdication du roi de Wurtemberg été publié. Les Russes ont attaqué les Allemands près de Narva. L'amiral Koltchak, qui a pris la dictature à Omsk, a lancé une proclamation au peuple russe. |
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Mardi 10 décembre MM. Poincaré et Clemenceau ont fait dans Metz une entrée triomphale. De vibrants discours ont été prononcés. Le bâton de maréchal a été remis officiellement à Pétain. La 3e armée américaine a atteint la ligne Meckenheim- Kempenich. Les combats continuent à Berlin. Le groupe Spartacus y prépare sa revanche. Ebert a refusé la présidence de la République et ordonné de mettre en liberté le Comité exécutif des ouvriers et soldats, mais il a fait entrer de nouvelles troupes dans la capitale. Des troubles ont eu lieu aussi à Munich où Kurt Eisner a dit intervenir plusieurs fois. La Suède a rompu avec le gouvernement bolchevik auquel elle reprochait la propagande organisée par l'envoyé Vorovsky. Une bombe allemande a explosé à Gand en faisant de nombreuses victimes. MM. Venizelos et Politis sont partis pour la France. Le prince Alexandre de Serbie a dû ajourner son voyage à Paris car il veut avant tout reconstituer à nouveau le cabinet. M. Wilson a offert sa médiation au Pérou et au Chili. Cette proposition, que l'Argentine secondera, semble avoir été bien accueillie par le gouvernement chilien. Un certain nombre de grands industriels rhénans ont été emprisonnés sur l'ordre des conseils d'ouvriers et soldats, et inculpés de haute trahison. |
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Dimanche 15 décembre Paris a accueilli M. Wilson avec enthousiasme. Des toasts chaleureux ont été prononcés au déjeuner de l'Elysée par M. Poincaré et par le Président des Etats-Unis. Le conseil municipal a décerné à M. Wilson le titre de citoyen de Paris, titre qui fut jadis conféré à George Washington. Les troupes de la 10e armée ont occupé Kreuznach, dépassé la ligne Bretzenheim-Eichloch-Biebelnheim-Gau-Odernheim, et enfin, pénétré dans Mayence. Les Britanniques ont traversé le Rhin et commencé l'occupation de la tête de pont de Cologne. Ils ont atteint la ligne Ober-Kassel-Siegburg-Odenthal-Opladen. La 3e armée américaine a traversé le Rhin et occupé la tête de pont de Coblentz. Le maréchal Foch et le général Pershing sont arrivés à Trèves pour discuter les conditions de la prolongation de l'armistice. Le président du Reichstag, M. Fehrenbach, a convoqué brusquement l'assemblée sans prendre l'assentiment du gouvernement Ebert-Haase. Les commissaires du peuple ont répondu par une lettre où ils mettent M. Fehrenbach en face de ses responsabilités. Dans un dernier grand discours, M. Lloyd George a fait le procès des travaillistes. Il s'est prononcé de nouveau contre la conscription. Les députés catalans ont quitté brusquement la Chambre espagnole pour protester contre le refus des partis de discuter le régionalisme. L'Italie démobilise presque toutes ses classes. Une escadrille américaine est arrivée à Pola. |
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Lundi 16 décembre L'armistice a été prolongé d'un mois dans le wagon-salon du maréchal Foch. La date d'échéance sera le 17 janvier 1919 à 5 heures du matin. Cette prolongation d'un mois sera étendue jusqu'à la conclusion des préliminaires de paix, sous réserve de l'assentiment des gouvernements alliés. Le haut commandement des alliés se réserve le droit, s'il le juge bon, pour s'assurer de nouvelles garanties, d'occuper la zone neutre sur la rive droite du Rhin, au nord de la tête de pont de Cologne et jusqu'à la frontière hollandaise. Cette occupation sera annoncée par le haut commandement des Alliés avec six jours de préavis. M. Erzberger a fait une longue déclaration pour essayer d'établir que l'Allemagne avait exécuté les conditions posées, pour demander la cessation du blocus et l'ouverture immédiate des négociations en vue des préliminaires de paix. Les avant-gardes britanniques, complétant l'occupation de la tête de pont de Cologne, ont atteint la ligne générale Obr-Kassel-Scelscheid-Hohkeppel-0lpe-Solingen-nord de Hilden. Un régiment français est entré à Wiesbaden. A Berlin, la rupture semble complète entre les indépendants et les majoritaires, à la veille de la réunion du congrès des ouvriers et soldats de toute l'Allemagne. La Norvège a rompu avec les bolcheviks. Le cabinet norvégien, battu aux élections générales, à démissionné. Le gouvernement des Pays-Bas publie une note pour dire qu'il n'a jamais pris une position contraire aux intérêts belges depuis 1914. On a découvert à Potsdam la garde robe impériale qui contenait 600 uniformes. |