![]() |
![]() |
Couverture des numéros ordinaires de guerre de L'Illustrirte Zeitung de Leipzig : L'encadrement est toujours le même depuis 1914 : le sujet central change chaque semaine |
Couverture du numéro spécial du 22 novembre, consacré à la glorification d'un des engins de guerre dont s'énorgueillit l'armée allemande : le minenwerfer ou lance bombes. |
Journées du 6 au 19 décembre 1917 LA GUERRE POLITIQUE ET DIPLOMATIE L'armistice sur les fronts russo-roumains : - Les négociations entamées le 3 décembre par les maximalistes avec les puissances centrales ont abouti, comme on devait s'y attendre, à la conclusion d'un armistice signé à Brest-Litovsk le 15 décembre. Cet armistice, qui a commencé à jouer le 17 décembre, à 12 heures, est valable jusqu'au 14 janvier 1918. A moins d'une dénonciation faite sept jours d'avance, il continuera automatiquement. Il s'étend à toutes les forces terrestres, aériennes et navales des fronts communs, englobant, par le fait même, le front russo-roumain. On en verra plus loin les dispositions détaillées et les conséquences militaires et navales. Ainsi le gouvernement de Lénine et de Trotzky a délibérément, dénoncé les traités d'alliance qui unissaient la Russie aux autres nations de l'Entente. Le geste qu'il a accompli avait été précédé par l'établissement d'une trêve de dix jours, conclue le 5 décembre avec le prince Léopold de Bavière, à laquelle la Roumanie avait été contrainte de participer. Ces événements considérables n'ont pas été sans troubles profonds à l'intérieur de l'immense Etat, aujourd'hui en complète désorganisation anarchique. Des mouvements séparatistes ont amené l'Ukraine, la région du Don occupée par les cosaques, la Bessarabie, La Finlande, une partie de la Sibérie, l'Arménie, à proclamer leur indépendance. Une réaction violente contre les bolchevicks s'est manifestée parmi les éléments qui n'ont pas perdu le sens national, comme le parti bourgeois des cadets, les paysans, les socialistes-révolutionnaires qui, malgré leur étiquette, représentent une fraction modérée, les cheminots. Aux élections pour la constituante, qui se sont poursuivies, les maximalistes sont loin d'avoir obtenu la majorité. Mais, ils ont empêché par la force l'assemblée de se réunir, tandis que leurs troupes tenaient tête à celles de Kalédine, chef de la contre révolution militaire. On se bat encore en Russie, mais c'est la guerre civile. Cependant les nouvelles les plus inattendues, généralement contredites dès le lendemain, n'ont cessé de parvenir par exemple, celle de l'assassinat, puis de l'évasion de l'ex-tsar. La seule chose certaine, c'est que les conditions de la paix séparée de la Russie avec l'Allemagne, l'Autriche-Hongrie, la Bulgarie et la Turquie se discutent avec, de part et d'autre, un égal désir d'une solution rapide .
| ![]() Tracé approximatif du front russe, à la veille de l'armistice |
![]() |
FRONT ITALIEN Sur le plateau d'Asiago. - Après une accalmie générale d'une semaine, la bataille générale s'est rallumée le 4 décembre au matin à l'est d'Asiago, dans la partie du plateau des Sette Communi, voisine des gorges de la Brenta. Les forces autrichiennes, soutenues par des batteries allemandes, ont mené une offensive déterminée contre la 1re armée italienne. L'objectif de l'attaque était fixé dans le massif entier des Meletta, que flanque au nord-ouest les monts Tondarecar et Badenecche, au sud-ouest le mont Sisemol. Cet ensemble de sommet couvre les entré du val Frenzela qui conduit à Valstagna, localité située sur la Brenta, à l'issue des gorges les plus étroites. Le 4 décembre, dans l'après-midi, après des combats acharnés, les Italiens perdirent leurs positions de droite, au Tondarecar et au Badenecche. Dès lors, leur résistance au centre étant gravement affectée, vers la tombée de la nuit, les pentes des Meletta furent abandonnées, et la défense reportée sur les hauteurs en arrière de Foza. Le 5, la position avancé du mont Castelgomberto, encerclée au cours des événements de la veille, fut perdue, et le lendemain, le mont Sisemol, se présentant en flèche devant la nouvelle ligne italienne, dut être évacué. A partir de ce moment, nos alliés firent front en travers du val Frenzela et aux revers occidentaux des escarpements dressés directement au-dessus de la rive droite de la Brenta. Les Autrichiens, de leur côté, suspendirent leurs opérations, et la lutte se réduisit aux actions habituelles de l'artillerie. |
![]() Batterie italienne de 75 tirant du col della Berreta ![]() La zone des premières lignes du col della Beretta au mont Asolone |
Entre la Brenta, et la Piave.- Mais quatre jours plus tard, une nouvelle bataille était engagée dans l'épais massif montagneux qui s'étend entre la Brenta et la Piave, au Nord de Bassano. La 4 armée italienne, sous les ordres du général de Rebilant, devait y soutenir l'assaut des divisions austro-allemandes de von Krobatin et de von Below. Au centre du secteur, et à proximité de la plaine, se dresse le mont Grappa, dont les multiples ramifications couvrent la majeure partie de l'espace compris entre les deux fleuves. Du massif central s'embranche vers le nord une arête qui aboutit au col dell'Orso, et, qui sépare en deux positions sensiblement égales un théâtre tourmenté, localisé entre deux profonds sillons. Il semble que les troupes autrichiennes opèrent à l'Ouest de cette arête, tandis que les éléments allemands combattent à l'Est, l'ensemble des mouvements offensifs convergeant vers le massif du Grappa. Le 10 décembre, l'artillerie ennemie entrait en scène par des bombardements intenses répartis sur tout le front envisagé, et le 11 deux attaques principales étaient prononcées, qui devaient se poursuivre au cours des journées suivantes. La première à l'Ouest, à l'aplomb de la Brenta, était dirigée contre les positions du col della Beretta et du col Caprile. Il est bon de remarquer que dans ces montagnes vénitiennes l'expression "col" désigne généralement non un passage mais une cime. La deuxième, à l'est, aux approches de la Piave, était menée vers le mont Spinoncia et les défenses du val Calcino qu'il domine. Elle tendait à déborder le saillant formé par le col del'Orso et le mont Solarolo. L'altitude de ces divers sommets varie entre 1300 et 1700 mètres. |
![]() La garde des tranchées devant le col Caprile |
Des combats, plus ou moins opiniâtres, se sont succédés sur ce terrain difficile durant les journées des 12 au 13 décembre, la résistance italienne surmontant les efforts accumulés par un adversaire tenace.
Cependant le 14, à l'Est de la Brenta, les Autrichiens parvinrent à couronner le col Caprile, menaçant ainsi les derrière du col della Beretta, et prenant commandement sur un plateau qui longe vers le Sud les escarpements de la Brenta. En même temps, les Allemands répétaient diverses attaques dans la région orientale du secteur contre le saillant du Solarolo, qu'étayent à droite le Spinoncia, à gauche le col dell' Orso. Bien qu'ils aient échoué dans leurs tentatives directes, une certaine avance réalisée par eux sur le Spinoncia rend précaires les positions du Solarolo. De ce côté du champ de bataille, les soldats de la 4 armée italienne étaient dès lors soutenus par des éléments des divisions franco-britanniques, portés en première ligne. En effet, à 3000 mètres environ à vol d'oiseau au Sud du Spinoncia se dresse la montagne allongée du Tomba dont l'ennemi, venant de Quero, a pu atteindre la crête. Mais les pentes méridionales du massif, d'une défense naturelle aisée, sont occupées par des contingents français, qui se relient au long de la Piave aux détachements anglais installés aux revers de la colline oblongue du Montello. Le 15 décembre, les combats diminuèrent d'intensité. Le 16 ils reprirent violent devant le col Caprile, avec développement jusqu'au fond des gorges de la Brenta, au barrage de San Marino, sans qu'aucune modifitation fût signalée dans la situation réciproque des adversaires. Cependant le 18, une attaque nouvelle parvint aux pentes du mont Asolone, débordant ainsi au Sud-Est le col della Beretta. Le 17, à 11 heures, des colonnes allemandes débouchèrent des pentes du mont Spinoncia; leur élan fut brisé par les concentrations des feux de l'artillerie italienne et des batteries françaises. Aux mêmes instants, un assaut direct contre le mont Solarolo, entrepris par une division de chasseurs allemands, échouait après une lutte acharnée. Au long de la Piave, aucun incident de guerre sérieux n'a été signalé. |
EN PALESTINE LA PRISE DE JÉRUSALEM La manoeuvre britannique, déroulée depuis la prise de Gaza, a trouvé un premier aboutissement dans la glorieuse conquête de Jérusalem. Le général Allenby, en poussant sa gauche au Nord de Jaffa et son centre selon un arc de cercle tendant vers la chaussée de Naplouse, s'était rendu maître des communications principales d'un adversaire progressivement isolé du gros de son armée. Il ne resta plus aux forces turques du plateau de Judée qu'une ligne de retraite en direction de la vallée du Jourdain, par la région de Jéricho. Une menace vers cette ligne devrait sans aucun doute entraîner l'évacuation de la Ville Sainte ou la capitulation de sa garnison. Ce fut l'oeuvre de la colonne de droite britannique qui, après avoir dépassé Hébron, atteignit Bethléem, et tourna Jérusalem par le Sud-Est. Cette colonne était complétée par un contingent français sous les ordres du général de Piépape et un détachement italien. Le 5 décembre et les jours suivants, une attaque générale était prononcée au Sud et à 1'Ouest par les forces anglaises, tandis que la colonne alliée de droite poursuivait sa marche enveloppante, et le 9, les Turcs capitulaient. Tous les monuments des Lieux Saints étaient demeurés intacts. Le 11 décembre, le général Allenby, entouré des commandants français et italien, des membres de la mission politique française, fit son entrée solennelle dans l'antique et religieuse cité. Depuis ce brillant événement, la situation militaire n'a pas été sensiblement modifiée. Les avant-postes anglais ont été quelque peu avancés tant, au Nord-Est de Jérusalem qu'en plusieurs secteurs du front jusqu'au nord de Jaffa. EN MÉSOPOTAMIE Le général Marshall, nouveau commandant en chef du corps expéditionnaire anglo-indien, a fait attaquer le 3 décembre, par des colonnes convergentes, les positions ottomanes établies sur les collines de la rive droite de la Diala, au Nord de Deli-Abbas. Le 4, l'ennemi fut mis en fuite, refoulé au delà du défilé de Sakaltoutan, sur la route de Khanikin. Le lendemain, il était chassé du village de Karaténé, situé à 41 kilomètres au Nord de Deli-Abbas. Un détachement russe, durant ces opérations, couvrait le flanc droit des forces britanniques. |
![]() Un des puits détruits par les Turcs et les Allemands à Bir-es-Seba, dans l'état où le trouvèrent les troupes britanniques et australiennes le 1er novembre. |