Couverture des numéros ordinaires de guerre de L'Illustrirte Zeitung de Leipzig : L'encadrement est toujours le même depuis 1914 : le sujet central change chaque semaine
Couverture du numéro spécial du 22 novembre, consacré à la glorification d'un des engins de guerre dont s'énorgueillit l'armée allemande : le minenwerfer ou lance bombes.


Samedi 1er décembre
Les deux artilleries se sont montrées particulièrement actives en Argonne et dans la région des Chambrettes où, après une série de violents bombardements, l'ennemi a exécuté un important coup de main qui a complètement échoué.
Un parti allemand qui tentait d'approcher les lignes anglaises, dans la région de Gavrelle, a été repoussé par les feux de nos alliés avant d'atteindre leurs tranchées.
L'artillerie ennemie a été active sur un certain nombre de points, au sud-ouest et à l'ouest de Cambrai. Les Allemands ont ensuite attaqué par masses et gagné quelque terrain.
En Macédoine, activité d'artillerie vers Doiran, dans la boucle de la Cerna et au nord de Monastir. Les batteries françaises et britanniques ont exécuté avec succès des tirs de destruction et provoqué l'explosion d'un dépôt de munitions ennemi.
Vers Nonte, une forte patrouille ennemie a été repoussée.
L'aviation française a exécuté plusieurs bombardements dans la vallée du Vardar et au nord de Monastir.
Trois appareils ennemis ont été abattus, deux par l'aviation britannique, un par l'artillerie française.
Sur le front italien, combats d'artillerie vers Asiago et dans la région de la Piave inférieure.
Le comte Hertling, chancelier allemand, a annoncé au Reichstag qu'il acceptait de discuter les conditions de l'armistice offert par les maximalistes russes. Le comte Seidler a fait la même déclaration à la Chambre autrichienne.

Dimanche 2 décembre
Des tentatives de coups de main ennemis dans la région de Loivre (nord-ouest de Reims), et en Argonne, aux Courtes-Chausses, ont échoué sous nos feux.
De notre côté, nous avons réussi des incursions vers Sainte-Marie-à-Py et dans la région des Hauts-de-Meuse et ramené des prisonniers. Sur la rive droite de la Meuse, la lutte d'artillerie a augmenté d'intensité dans le secteur Beaumont-bois Le Chaume et a été suivie d'une violente attaque ennemie sur nos positions au nord du bois des Fosses. A deux reprises, les assaillants ont été rejetés dans leurs tranchées, après un vif combat. Notre ligne a été intégralement maintenue.
Sur le front britannique, l'ennemi n'a pas renouvelé ses attaques importantes sur le front de bataille de Cambrai. Nos alliés ont repoussé des attaques locales au sud de Vendhuile.
L'artillerie allemande a été plus active que d'habitude dans la vallée de la Scarpe. Trois tentatives de raid-ont été arrêtées au sud-ouest de la Bassée.
En Macédoine, activité de l'artillerie alliée dans la région de Monastir, de l'artillerie ennemie sur le Vardar et dans la région montagneuse à l'ouest. L'aviation britannique a bombardé la région de Ruppel et la voie ferrée de Drama à Sérès.
Sur le front italien, le feu d'artillerie a continué avec violence et le bombardement ennemi a été particulièrement vif dans le secteur du mont Cismon.
Les Anglais ont fait 400 prisonniers en Palestine.

Lundi 3 décembre
Au sud de Saint-Quentin et au nord-ouest de Reims, nous avons réussi des coups de main et fait des prisonniers.
L'activité de l'artillerie a continué, très vive, sur la rive droite de la Meuse, sans action d'infanterie.
En Haute-Alsace, vers Ammerzwiller, nous avons repoussé diverses tentatives de coups de main sur nos petits postes.
Les Allemands, au front britannique, ont répété leurs attaques sur les positions de nos alliés, à Masnières, Marcoing, Fontaine-Notre-Dame, Bourlon et Moeuvres. Ils ont été repoussés. Des détachements ennemis avaient réussi à prendre pied dans le village les Rues-Vertes, sur la rive ouest du canal de l'Escaut. Ils en ont été délogés par une contre-attaque.
En Macédoine, activité moyenne de l'artillerie sur l'ensemble du front, plus vive vers Doiran et dans la région de Monastir-Cerna. Rencontres de patrouilles sur la Strouma et dans la haute vallée du Scumbi. L'aviation britannique a bombardé Rahova (vallée du Vardar).
Sur le front italien, la canonnade reste intense du plateau d'Asiago à la Piave inférieure. Nos alliés ont pris sous le feu de leurs batteries des troupes ennemies en marche sur la route du mont Ciemon au val de Los. Ils ont obtenu un succès par coup de main au mont Pertico.
Une attaque d'une flottille autrichienne, près de Pesaro a échoué.

Mardi 4 décembre
Dans la région de Saint-Quentin et au nord du bois des Fosses, des coups de main ennemis sur nos petits postes sont restés sans succès.
Entre la Miette et L'Aisne, dans la région à l'est de Reims, et sur la rive droite de la Meuse, la lutte d'artillerie a été assez violente.
En Woëvre, après un vif bombardement l'ennemi a prononcé une attaque sur nos positions au nord de Flirey. Nos feux ont arrêté et refoulé l'assaillant, qui a subi des pertes élevées. Des prisonniers sont restés entre nos mains.
Dans les Vosges, une tentative de coup de main sur nos petits postes de la région de Violu a complètement échoué.
Les Anglais ont exécuté une opération de détail au nord-est d'Ypres. Quarante-cinq bâtiments et fortins ont été capturés sur la crête principale au nord de Passchendaele.
Sur le front de bataille de Cambrai, les troupes britanniques se sont repliées par ordre et sans intervention de l'ennemi du saillant aigu formé par le village de Masnières. Dix attaques allemandes ont été repoussées sur ce front.
Dans la région de Bourlon, nos alliés ont capturé des mitrailleuses et des prisonniers.

Mercredi 5 décembre
Grande activité des deux artilleries en Champagne, notamment dans la région de Tahure-Maisons-de-Champagne.
Sur la rive gauche de la Meuse, les Allemands ont essayé d'aborder nos lignes à l'ouest d'Avocourt et dans le secteur de Forges. Ils ont été arrêtés net par nos feux.
Sur le front britannique de Cambrai, activité de l'artillerie ennemie vers Bourlon et Moeuvres. Aucune action d'infanterie.
Sur le front italien, actions d'artillerie dans le val Giudicarie, sur le plateau d'Asiago et sur la basse Piave. Les troupes franco-anglaises, qui sont venues apporter leur concours à nos alliés, sont désormais en ligne.
On signale de simples escarmouches autour de Jérusalem.
Les délégués des extrémistes russes chargés de conclure l'armistice, ont été reçus au grand quartier général allemand par le maréchal prince Léopold de Bavière. Les pourparlers ont commencé. Les Austro-Hongrois, les Turcs et les Bulgares y prennent part.
Le gouvernement français a indiqué dans une note officie1le les grandes lignes des résultats acquis par la conférence des Alliés et qui concernent l'action navale, l'armement et le ravitaillement des différents peuples de l'Entente.


Journées du 6 au 19 décembre 1917

LA GUERRE
POLITIQUE ET DIPLOMATIE
L'armistice sur les fronts russo-roumains : -
Les négociations entamées le 3 décembre par les maximalistes avec les puissances centrales ont abouti, comme on devait s'y attendre, à la conclusion d'un armistice signé à Brest-Litovsk le 15 décembre. Cet armistice, qui a commencé à jouer le 17 décembre, à 12 heures, est valable jusqu'au 14 janvier 1918. A moins d'une dénonciation faite sept jours d'avance, il continuera automatiquement.
Il s'étend à toutes les forces terrestres, aériennes et navales des fronts communs, englobant, par le fait même, le front russo-roumain. On en verra plus loin les dispositions détaillées et les conséquences militaires et navales. Ainsi le gouvernement de Lénine et de Trotzky a délibérément, dénoncé les traités d'alliance qui unissaient la Russie aux autres nations de l'Entente. Le geste qu'il a accompli avait été précédé par l'établissement d'une trêve de dix jours, conclue le 5 décembre avec le prince Léopold de Bavière, à laquelle la Roumanie avait été contrainte de participer.
Ces événements considérables n'ont pas été sans troubles profonds à l'intérieur de l'immense Etat, aujourd'hui en complète désorganisation anarchique. Des mouvements séparatistes ont amené l'Ukraine, la région du Don occupée par les cosaques, la Bessarabie, La Finlande, une partie de la Sibérie, l'Arménie, à proclamer leur indépendance. Une réaction violente contre les bolchevicks s'est manifestée parmi les éléments qui n'ont pas perdu le sens national, comme le parti bourgeois des cadets, les paysans, les socialistes-révolutionnaires qui, malgré leur étiquette, représentent une fraction modérée, les cheminots. Aux élections pour la constituante, qui se sont poursuivies, les maximalistes sont loin d'avoir obtenu la majorité. Mais, ils ont empêché par la force l'assemblée de se réunir, tandis que leurs troupes tenaient tête à celles de Kalédine, chef de la contre révolution militaire. On se bat encore en Russie, mais c'est la guerre civile.
Cependant les nouvelles les plus inattendues, généralement contredites dès le lendemain, n'ont cessé de parvenir par exemple, celle de l'assassinat, puis de l'évasion de l'ex-tsar.
La seule chose certaine, c'est que les conditions de la paix séparée de la Russie avec l'Allemagne, l'Autriche-Hongrie, la Bulgarie et la Turquie se discutent avec, de part et d'autre, un égal désir d'une solution rapide .


Le général Bernardiston, chef de la mission militaire anglaise, reçu à la caserne d'artillerie de Campolide par M. Sidonio Paës.
Un coup d'Etat au Portugal.-
Le 8 décembre, des dépêches de source espagnole annonçaient que des troubles graves avaient éclaté à Lisbonne et à Porto, à l'occasion de la cherté de la vie. Il s'agissait, en réalité, d'un véritable coup d'Etat politique. Il a eu pour instigateurs M. Sidonio Paës, qui fut ministre dans plusieurs cabinets républicains, le colonel Recadas, ancien aide de camp du roi Manuel, et M. Suarez Branco, ancien ministre des finances des cabinets royalistes. Pendant trois jours, les forces révolutionnaires ont combattu les troupes régulières; elles en ont triomphé. Le gouvernement a dû capituler. Il a été remplacé, en décembre, par un gouvernement provisoire dont M. Sidonio Paës a pris la présidence, avec les portefeuilles de la Guerre et des Affaires étrangères. M. Bernardino Machado, président de la République déchu, a été banni. La même peine a été prononcée contre M. Joao Chagas, ministre du Portugal à Paris. Le nouveau régime a déclaré officiellement qu'il continuerait sa politique d'alliance avec l'Entente.
L'Amérique contre les puissances centrales. Le président Wilson a signé, le 7 décembre, la déclaration officielle de guerre des Etats-Unis à 1'Autriche-Hongrie. D'autre part, le 8 décembre, la République de l'Equateur a rompu les relations diplomatiques avec l'Allemagne.



Tracé approximatif du front russe, à la veille de l'armistice
OPÉRATIONS MILITAIRES
FRONT FRANÇAIS
Tandis que semblent se multiplier les indices d'une prochaine offensive ennemie sur le front Occidental - ç'est une éventualité que la défection russe doit rendre inévitable - les opérations militaires de la quinzaine dernière ont été réduites à fort peu de choses. Ce sont des nécessités locales et non une pensée d'ensemble qui les ont déterminées.
Le seul secteur où la fréquence des coups de main mérite d'être relevée est celui de la Meuse. Les Allemands y ont prononcé en effet un certain nombre de tentatives, d'ailleurs vaines, les 7, 8 et 9 décembre vers Bezonvaux et Beaumont; le 10, sur le front du bois le Chaume; le 12, à la cote 304, sur la rive gauche de la rivière; le 13, au bois des Caurières, ce fut l'action la plus importante; le 15, au bois le Chaume.


FRONT BRITANNIQUE
Nos alliés ont dû, à la suite des dernières attaques allemandes devant Cambrai, rectifier leur ligne et abandonner sans combat le saillant formé par leurs positions vers Noyelles-sur-l'Escaut et le bois Bourlon. Leur mouvement de repli qui s'est accentué, jusqu'au Sud-Ouest de ces localités, a eu lieu dans la nuit du 4 au 5 décembre, sans que l'ennemi s'en rendît compte. Les travaux de campagne ont été systématiquement détruits.
Le 6 et le 7 décembre, la lutte s'est encore maintenue assez vive vers la Vacquerie. Des engagements locaux se sont produits à l'est de Boursies le 8 et le 10. Une forte attaque a été menée par les allemands le 12, sur un front de 500 mètres environ, à l'Est de Bullecourt. Les assaillants ont pu être rejetés, sauf sur un point. Le 13, le combat a repris et s'est même étendu. Il n'a abouti à aucun résultat appréciable.
Dans le secteur d'Ypres, une entreprise a été menée par l'ennemi au Sud-Est du bois du Polygone, aux abords du château de Polderhoek, le 14 décembre. Une tranchée a été perdue puis reprise le lendemain.
Ce sont là les incidents les plus marquants que les communiqués britanniques ont enregistrés du 6 au 19 décembre.


FRONT RUSSE ET ROUMAIN
L'ARMISTICE
Au point de vue militaire, l'article 2 du protocole d'armistice est le plus important. Les contractants s'y interdisent, sur le front d'Europe, tous déplacements de troupes en préparation d'une offensive locale, et, d'une manière plus générale, tous déplacements de troupes jusqu'au 14 janvier, " à moins que ces déplacements aient été en cours au moment de l 'armistice ".
Cette dernière clause vise hypocritement le transport d'unités austro-allemandes d'Orient en Occident; mais elle est sans valeur. En effet, tous les mouvements ordonnés par Hindenburg étaient déjà en cours le 17 décembre, et les Russes, au surplus, dont les armées sont en pleine dissolution, ne possèdent aucun moyen de contrôle sur l'observation des engagements acceptés. Si ceux-ci ne sont pas respectés, aucune sanction ne peut intervenir.
L'armée roumaine, de par sa situation, est forcément comprise dans les stipulations de l'armistice. Celles-ci, d'autre part, interdisent aucun déplacement de troupes en Asie; et bien plus, d'après l'article 1O, les armées belligérentes doivent immédiatement évacuer le territoire persan.
Ainsi les Turcs seront en mesure de concentrer tous leurs moyens disponibles soit en Mésopotamie, soit en Palestine.
La trahison maximaliste est totale.





FRONT ITALIEN
Sur le plateau d'Asiago. -
Après une accalmie générale d'une semaine, la bataille générale s'est rallumée le 4 décembre au matin à l'est d'Asiago, dans la partie du plateau des Sette Communi, voisine des gorges de la Brenta. Les forces autrichiennes, soutenues par des batteries allemandes, ont mené une offensive déterminée contre la 1re armée italienne.
L'objectif de l'attaque était fixé dans le massif entier des Meletta, que flanque au nord-ouest les monts Tondarecar et Badenecche, au sud-ouest le mont Sisemol. Cet ensemble de sommet couvre les entré du val Frenzela qui conduit à Valstagna, localité située sur la Brenta, à l'issue des gorges les plus étroites.
Le 4 décembre, dans l'après-midi, après des combats acharnés, les Italiens perdirent leurs positions de droite, au Tondarecar et au Badenecche. Dès lors, leur résistance au centre étant gravement affectée, vers la tombée de la nuit, les pentes des Meletta furent abandonnées, et la défense reportée sur les hauteurs en arrière de Foza.
Le 5, la position avancé du mont Castelgomberto, encerclée au cours des événements de la veille, fut perdue, et le lendemain, le mont Sisemol, se présentant en flèche devant la nouvelle ligne italienne, dut être évacué.
A partir de ce moment, nos alliés firent front en travers du val Frenzela et aux revers occidentaux des escarpements dressés directement au-dessus de la rive droite de la Brenta. Les Autrichiens, de leur côté, suspendirent leurs opérations, et la lutte se réduisit aux actions habituelles de l'artillerie.

Batterie italienne de 75 tirant du col della Berreta




La zone des premières lignes du col della Beretta au mont Asolone
Entre la Brenta, et la Piave.-
Mais quatre jours plus tard, une nouvelle bataille était engagée dans l'épais massif montagneux qui s'étend entre la Brenta et la Piave, au Nord de Bassano. La 4 armée italienne, sous les ordres du général de Rebilant, devait y soutenir l'assaut des divisions austro-allemandes de von Krobatin et de von Below.
Au centre du secteur, et à proximité de la plaine, se dresse le mont Grappa, dont les multiples ramifications couvrent la majeure partie de l'espace compris entre les deux fleuves. Du massif central s'embranche vers le nord une arête qui aboutit au col dell'Orso, et, qui sépare en deux positions sensiblement égales un théâtre tourmenté, localisé entre deux profonds sillons.
Il semble que les troupes autrichiennes opèrent à l'Ouest de cette arête, tandis que les éléments allemands combattent à l'Est, l'ensemble des mouvements offensifs convergeant vers le massif du Grappa.
Le 10 décembre, l'artillerie ennemie entrait en scène par des bombardements intenses répartis sur tout le front envisagé, et le 11 deux attaques principales étaient prononcées, qui devaient se poursuivre au cours des journées suivantes.
La première à l'Ouest, à l'aplomb de la Brenta, était dirigée contre les positions du col della Beretta et du col Caprile. Il est bon de remarquer que dans ces montagnes vénitiennes l'expression "col" désigne généralement non un passage mais une cime.
La deuxième, à l'est, aux approches de la Piave, était menée vers le mont Spinoncia et les défenses du val Calcino qu'il domine. Elle tendait à déborder le saillant formé par le col del'Orso et le mont Solarolo. L'altitude de ces divers sommets varie entre 1300 et 1700 mètres.



La garde des tranchées devant le col Caprile
Des combats, plus ou moins opiniâtres, se sont succédés sur ce terrain difficile durant les journées des 12 au 13 décembre, la résistance italienne surmontant les efforts accumulés par un adversaire tenace.
Cependant le 14, à l'Est de la Brenta, les Autrichiens parvinrent à couronner le col Caprile, menaçant ainsi les derrière du col della Beretta, et prenant commandement sur un plateau qui longe vers le Sud les escarpements de la Brenta.
En même temps, les Allemands répétaient diverses attaques dans la région orientale du secteur contre le saillant du Solarolo, qu'étayent à droite le Spinoncia, à gauche le col dell' Orso. Bien qu'ils aient échoué dans leurs tentatives directes, une certaine avance réalisée par eux sur le Spinoncia rend précaires les positions du Solarolo.
De ce côté du champ de bataille, les soldats de la 4 armée italienne étaient dès lors soutenus par des éléments des divisions franco-britanniques, portés en première ligne. En effet, à 3000 mètres environ à vol d'oiseau au Sud du Spinoncia se dresse la montagne allongée du Tomba dont l'ennemi, venant de Quero, a pu atteindre la crête. Mais les pentes méridionales du massif, d'une défense naturelle aisée, sont occupées par des contingents français, qui se relient au long de la Piave aux détachements anglais installés aux revers de la colline oblongue du Montello.
Le 15 décembre, les combats diminuèrent d'intensité. Le 16 ils reprirent violent devant le col Caprile, avec développement jusqu'au fond des gorges de la Brenta, au barrage de San Marino, sans qu'aucune modifitation fût signalée dans la situation réciproque des adversaires.
Cependant le 18, une attaque nouvelle parvint aux pentes du mont Asolone, débordant ainsi au Sud-Est le col della Beretta.
Le 17, à 11 heures, des colonnes allemandes débouchèrent des pentes du mont Spinoncia; leur élan fut brisé par les concentrations des feux de l'artillerie italienne et des batteries françaises. Aux mêmes instants, un assaut direct contre le mont Solarolo, entrepris par une division de chasseurs allemands, échouait après une lutte acharnée.
Au long de la Piave, aucun incident de guerre sérieux n'a été signalé.



Sur la route de Jérusalem
EN PALESTINE
LA PRISE DE JÉRUSALEM
La manoeuvre britannique, déroulée depuis la prise de Gaza, a trouvé un premier aboutissement dans la glorieuse conquête de Jérusalem. Le général Allenby, en poussant sa gauche au Nord de Jaffa et son centre selon un arc de cercle tendant vers la chaussée de Naplouse, s'était rendu maître des communications principales d'un adversaire progressivement isolé du gros de son armée.
Il ne resta plus aux forces turques du plateau de Judée qu'une ligne de retraite en direction de la vallée du Jourdain, par la région de Jéricho. Une menace vers cette ligne devrait sans aucun doute entraîner l'évacuation de la Ville Sainte ou la capitulation de sa garnison. Ce fut l'oeuvre de la colonne de droite britannique qui, après avoir dépassé Hébron, atteignit Bethléem, et tourna Jérusalem par le Sud-Est. Cette colonne était complétée par un contingent français sous les ordres du général de Piépape et un détachement italien.
Le 5 décembre et les jours suivants, une attaque générale était prononcée au Sud et à 1'Ouest par les forces anglaises, tandis que la colonne alliée de droite poursuivait sa marche enveloppante, et le 9, les Turcs capitulaient. Tous les monuments des Lieux Saints étaient demeurés intacts.
Le 11 décembre, le général Allenby, entouré des commandants français et italien, des membres de la mission politique française, fit son entrée solennelle dans l'antique et religieuse cité.
Depuis ce brillant événement, la situation militaire n'a pas été sensiblement modifiée. Les avant-postes anglais ont été quelque peu avancés tant, au Nord-Est de Jérusalem qu'en plusieurs secteurs du front jusqu'au nord de Jaffa.


EN MÉSOPOTAMIE
Le général Marshall, nouveau commandant en chef du corps expéditionnaire anglo-indien, a fait attaquer le 3 décembre, par des colonnes convergentes, les positions ottomanes établies sur les collines de la rive droite de la Diala, au Nord de Deli-Abbas. Le 4, l'ennemi fut mis en fuite, refoulé au delà du défilé de Sakaltoutan, sur la route de Khanikin. Le lendemain, il était chassé du village de Karaténé, situé à 41 kilomètres au Nord de Deli-Abbas.
Un détachement russe, durant ces opérations, couvrait le flanc droit des forces britanniques.




Un des puits détruits par les Turcs et les Allemands à Bir-es-Seba, dans l'état où le trouvèrent les troupes britanniques et australiennes le 1er novembre.
LA GUERRE NAVALE
Mer du Nord. -
Un convoi de six cargo-boats, dont un anglais et cinq neutres, allant de Norvège en Angleterre, escorté par les destroyers Partridge et Pellew et quatre chalutiers armés, a été attaqué le 12 décembre, à 11 h. 45 du matin, par quatre croiseurs allemands. Au cours de l'engagement, le Partridge, les chalutiers et les cargos (ceux-ci représentaient une jauge totale de 8000 tonneaux) furent coulés. Le Pellew parvint à se débarrasser de ses adversaires et, malgré ses avaries, il entra dans un port anglais. Plusieurs destroyers britanniques détachés d'une division de patrouilleurs arrivèrent à toute allure sur le lieu du combat et recueillirent une centaine de naufragés.
Les Allemands ont fait quelques prisonniers. Cette attaque rappelle celle du 17 octobre dernier, qui eut lieu sur la même ligne de communication et qui causa la perte de deux destroyers britanniques et de neuf cargos neutres.
Le même jour, à 4 h.30 du matin, trois destroyers allemands ont attaqué, à l'embouchure de la Tyne, les chalutiers anglais Ranta et Smart; ce dernier a été coulé ainsi que deux navires marchands neutres.
Ces engagements deviendront de plus en plus fréquents maintenant que les Allemands, complètement maîtres de la Baltique, peuvent disposer de toutes leurs forces pour toutes opérations dans la mer du Nord.
Le 18 décembre, vers 6 heures du soir, des aéroplanes allemands ont franchi les comtés d'Essex et de Kent, qu'ils ont bombardés; quelques-uns ont atteint Londres. Ils ont fait 85 victimes: 10 tués et 15 blessés. Un appareil ennemi a été abattu en mer au large de la côte de Kent.
Un autre raid, auquel vingt-cinq aéroplanes ennemis participèrent, avait eu lieu le 6 décembre, entre 1h.30 et 4 h.30 du matin; dans la direction de Londres. Il y eut, 7 tués et 22 blessés. Dégâts peu importants.
Atlantique. - Le destroyer américain Jacob Jones, commandant David Bagley, a été torpillé et coulé, le 6 décembre dans la zone de guerre.
Un communiqué du gouvernement portugais, du 12 décembre, annonce qu'un sous-marin allemand a bombardé Funchal, ville principale de l'île Madère, faisant plusieurs victimes et détruisant quelques maisons. C'est la seconde attaque de Funchal par un sous-marin.
Méditerranée. - Le croiseur français Châteaurenault a été coulé le 14 décembre par un sous-marin ennemi qui a été détruit. Il était affecté aux transports et avait à bord des passagers, tous militaires; ils ont été sauvés. Il manque dix hommes de l'équipage. Ce croiseur faisait partie d'une série d'essai de deux navires (l'autre est le Guichen) dits croiseurs-corsaires, de 8200 tonnes et 23 noeuds, peu armés et peu protégés, destinés à la guerre de course.
Adriatique. - La marine italienne, vient d'accomplir un bel exploit. Dans la nuit du 9 au 10 décembre, deux de ses torpilleurs, franchissant les champs de mines, passant à travers les barrages et trompant la vigilance des patrouilleurs, ont pénétré dans le port de Trieste et lancé chacun deux torpilles sur des navires de guerre au mouillage, dont l'un, le Wien, a été coulé. L'amirauté autrichienne le reconnaît. Ce bateau faisait partie d'une série de trois garde-côtes cuirassés de 5600 tonnes, lancés en 1895 et 1896.
Levant. - Le 13 décembre, le patrouilleur français Paris II, qui s'était distingué la veille au cours d'une opération sur la côte de Syrie, a été coulé par le feu des batteries turques dans le golfe d'Adalia. Une partie de l'équipage a atterri à Castelorizo. On croit que plusieurs hommes ont été faits prisonniers.

Le traité d'armistice russo-allemand
D'après l'article 5, concernant la guerre navale, l'armistice comprend la Baltique à l'Est du 15° degré de longitude Est du méridien de Greenwich, toute la mer Blanche et les côtes russes de l'océan Arctique et toute la mer Noire. Il n'est pas question du littoral russe du Pacifique, mais l'accord " contiendra des prescriptions destinées à empêcher, dans la mesure du possible, que les forces navales des parties contractantes se combattent dans d'autres mers ". Le gouvernement russe fournit la garantie que les forces navales de l'Entente qui se trouvent dans les eaux indiquées par le Traité ou s'y trouveront ultérieurement, se comporteront comme les forces navales russes. Comment le gouvernement maximaliste, que les puissances de l'Entente n'ont pas reconnu, peut-il donner une telle garantie. En tout cas, les forces navales de l'Entente dans la Baltique - il ne doit pas y en avoir ailleurs - sont peu importantes: quelques sous-marins et navires légers britanniques qui ne pourront d'ailleurs pas facilement sortir de cette mer devenue allemande.
Le traité consacre une situation déjà existante en fait depuis longtemps dans la Baltique, à travers laquelle les Allemands trafiquaient librement avec la Suède; au point de vue militaire il libère les forces navales allemandes d'opération dans cette mer et permet également à l'ennemi de disposer des sous-marins qu'il employait au blocus des côtes septentrionales de la Russie.
Dans la mer Noire, l'action navale russe n'a jamais été bien vive; mais l'ennemi pouvait redouter qu'elle le devint quelque jour; il n'a plus cette crainte et peut la parcourir en toute tranqulité. Les avantages que les Allemands tirent de ce traté les inciteront peut-être à entreprendre des opérations de grande envergure qui détermineraient la sortie des escadres de ligne. Ce serait le commencement de la guerre navale proprement dite, dont le but principal est la destruction de l'ennemi flottant.

Jeudi 20 décembre
L'artillerie ennemie, contre-battue efficacement par la nôtre, a bombardé nos premières lignes au sud de Juvincourt et en Argonne, au Four-de-Paris.
Sur ce dernier point, l'ennemi, qui tentait d'aborder nos positions, a été repoussé à deux reprises avec des pertes.
En Woëvre, un coup de main allemand sur nos tranchées, devant Regnéville, a échoué sous nos feux.
En Lorraine, nos patrouilles ont fait des prisonniers, dont un officier dans les secteurs de Flirey et de Nauroy.
Canonnade à l'Hartmannswillerkopf et au Schoenholz.
Des avions allemands ont lancé une cinquantaine de bombes dans la région de Dunkerque.
Une incursion de gothas a eu lieu sur Londres. On compte 80 victimes dont 10 morts. Un des gothas a été abattu.
Sur le front anglais, des reconnaissances ennemies ont été arrêtées dans le secteur de Passchendaele. Des prisonniers ont été capturés.
Sur le front italien, les Austro-Allemands ont attaqué à nouveau sur une large étendue, dans la zone montagneuse. Ils n'ont remporté que de légers avantages et ont subi de fortes pertes.

Vendredi 21 décembre
Activité moyenne des deux artilleries sur l'ensemble du front, plus vive dans la région des Caurières.
En Lorraine, une forte attaque allemande, précédée d'un violent bombardement, sur nos tranchées au nord de Reillon, a complètement échoué. L'adversaire a laissé de nombreux cadavres sur le terrain.
En Haute-Alsace, nous avons repoussé un important coup de main ennemi tenté sur nos positions de Gluckerveld (sud-est d'Altkirch).
Des avions allemands ont lancé des bombes dans la région de Dunkerque et de Calais : 4 tués, 10 blessés.
Dans la région du lac Doiran, activité d'artillerie assez vive. Les troupes britanniques ont exécuté un coup de main au cours duquel elles ont capturé quelques prisonniers.
Dans la région des lacs, les troupes russes ont dispersé des reconnaissances ennemies.
Sur le front italien, les Austro-Allemands ont attaqué sur le front Tasson-col dell'Orso. Ils ont été rejetés avec des pertes très graves. Un autre détachement a été repoussé au mont Solarolo.
Au sud de Sasso-Rosso (val Frenzola), nos alliés ont fait des prisonniers.
Sur la Vieille-Piave, activité locale de combat. Toutes les tentatives ennemies pour passer le fleuve ont été déjouées. Les marins italiens ont fait 35 prisonniers.
Deux avions ennemis ont été abattus.

Samedi 22 décembre
Activité d'artillerie intermittente en quelques points du front, plus vive dans la région du bois des Caurières.
En Alsace, les Allemands qui tentaient d'aborder nos tranchées à l'ouest de Cernay ont été repoussés par nos feux. A l'Hartmannswillerkopf, l'ennemi, à la faveur d'un très important coup de main qu'il avait fait précéder d'un bombardement intense, avait pu pénétrer dans les éléments avancés de notre première ligne; il en a été entièrement rejeté a la suite d'un combat corps à corps au cours duquel il a subi de lourdes pertes.
D
éfinition stratégique de la manoeuvre dans la bataille défensive.
118 obus ont été lancés sur la ville de Reims.
Sur le front belge, activité d'artillerie peu intense.
Nos alliés ont bombardé les organisations ennemies des abords de Dixmude et de Kippe, en représailles de quelques tirs ennemis effectués vers nos batteries.
En Macédoine, les troupes anglaises ont capturé 1 officier et 54 soldats bulgares.
Sur le front britannique, une tentative allemande, a échoué au nord-est de Messines sous les feux d'infanterie et de mitrailleuses. Les Italiens, sur le mont Asolone, ont réussi à enlever à l'ennemi une grande partie des gains qu'il avait pu obtenir le 18.
Une forte contre-attaque autrichienne a été enrayée.
Nos alliés ont fait des prisonniers sur le plateau d'Asiago.
Les Capronis ont bombardé les troupes autrichiennes sur la Basse-Piave

Dimanche 23 décembre
Actions d'artillerie assez vives dans la région du Fayet (nord-ouest de Saint-Quentin), sur le front Beaumont-bois Le Chaume, en forêt d'Apremont, en Haute-Alsace dans la région de la Thur et de la Doller.
Dans le Secteur de Bezonvaux, un coup de main allemand a échoué sous nos feux.
En Champagne, un de nos détachements, pénétrant dans les tranchées allemandes au sud-ouest de Moronvillers, est rentré au complet dans nos lignes après avoir détruit des abris et infligé des pertes sérieuses à l'ennemi.
Sur le front britannique, des coups de main ennemis ont échoué vers la route Bapaume à Cambrai, à l'est de Monchy-le-Preux et au sud-est d'Armentières.
Sur le front italien, dans la région du mont Asolone, les troupes de nos alliés ont maintenu en éveil l'activité combative et réalisé quelques progrès.
Une contre-attaque ennemie a été sur le champ repoussée plus à l'ouest, vers Osteria di Lepre. Un détachement qui essayait, grâce au brouillard de faire irruption dans les positions italiennes, a été arrêté par les fils de fer barbelés et rejeté par la fusillade. Au mont Solarolo, un coup de main ennemi a échoué, après une lutte à la grenade.
Sur le plateau d'Asiago, les troupes ennemies ont été combattues avec efficacité et à l'est du pont de la Priola, des batteries ennemies ont été réduites au silence.

Lundi 24 décembre
Activité réciproque des deux artilleries sur la rive droite de la Meuse et dans la région du Mort-Homme.
L'ennemi a tenté sans succès un coup de main au bois des Caurières.
Des avions ennemis ont lancé une Quarantaine de bombes sur Dunkerque et sa banlieue. Une personne de la population civile a été tuée, trois autres blessées, dont une femme et un enfant.
Canonnade sur le front belge.
Le général Guillaumat remplace à Salonique le général Sarrail qui recevra une autre affectation.
Sur le front italien, petites rencontres d'importance locale. Au nord de Pedescala, les occupants d'un petit poste ennemi ont été surpris et anéantis.
Sur la rive gauche de l'Assa, à l'ouest de Canove di Sotto, un détachement italien, après une courte mais efficace préparation d'artillerie, et après avoir dépassé avec un mordant magnifique les défenses accessoires adverses, a fait irruption dans un poste avancé et ramené 12 prisonniers avec du matériel.
Dans plusieurs secteurs, des patrouilles ennemies ont été repoussées avec des pertes.
A l'ouest d'Osteria di Lepre, capture de prisonniers.
Echec de tentatives autrichiennes au mont Solarolo et au sommet du val Calemo. Canonnade dans la plaine de la Piave.
Les pourparlers de paix russo-allemands s'ouvrent à Brest-Litowsk.

Mardi 25 décembre
Sur la rive droite de la Meuse, les Allemands ont lancé deux coups de main sur nos postes de la région de Bezonvaux et du bois des Caurières. Ces tentatives ont échoué sous nos feux.
La lutte d'artillerie a été assez active sur la rive gauche, dans le secteur de Béthincourt.
Sur le front britannique, quelques-uns de nos alliés ont disparu au cours de l'attaque d'un poste par l'ennemi, près d'Epéhy.
Un détachement qui tentait d'aborder les lignes sur la route de Menin a été rejeté.
Grande activité des deux artilleries au nord de poelcapelle.
Les aviateurs britanniques ont jeté des bombes sur une pièce de gros calibre, dans la région de Lille et sur d'autres objectifs, tels que baraquements, cantonnements et tranchées. Ils ont tiré plusieurs milliers de cartouches de mitrailleuses sur l'infanterie allemande dans les tranchées.
Quatre avions ennemis ont été abattus en combat aérien.
En Macédoine, faible activité de combat sur l'ensemble du front.
En Albanie méridionale, dans la région de Devoli, nous avons capturé deux reconnaissances ennemies fortes de cent cinquante hommes au total.
Les Austro-Allemands ont légèrement avancé sur le plateau d'Asiago, en Italie. Nos alliés ont déployé une puissante contre-attaque.

Mercredi 26 décembre
Canonnade intermittente sur divers points du front.
Un coup de main ennemi sur nos petits postes du bois des Caurières n'a donné aucun résultat.
Au sud de Juvincourt, nous avons réussi une attaque dans les lignes ennemies et ramené des prisonniers.
Les Belges ont bombardé Schoore, Leke et la route de Schoorbakke en représailles d'un tir ennemi à obus toxiques dirigé sur Ramscapelle.
La lutte d'artillerie a été légèrement intense dans la région de Bixschoote.
Des prisonniers ont été faits à l'ennemi dans la région de Merckem.
Une escadrille anglaise a bombardé, avec d'excellents résultats, Mannheim sur le Rhin. Une tonne d'explosifs a été jetée sur la ville et des explosions ont été observées à la gare centrale, dans les usines et dans la ville, où des incendies ont été provoqués. Un feu très violent a accueilli les aéroplanes de nos alliés; l'un d'eux a été contraint d'atterrir avec des avaries. Tous les autres sont rentrés indemnes.
La bataille continue, acharnée au front italien, sur le plateau d'Asiago.
Les contre-attaques entreprises par nos alliés ont réussi à arrêter l'ennemi et à ramener le combat sur les positions évacuées par eux précédemment. Au cours de la lutte, de nombreuses mitrailleuses ont été capturées.
L'aviation britannique a bombardé les aérodromes de Flandre.

Jeudi 27 décembre
Sur la rive droite de la Meuse, une riposte énergique de nos batteries a fait cesser un vif bombardement de nos lignes dans la région de Bezonvaux.
Nous avons repoussé une attaque au bois des Caurières.
Dans la région de Saint-Quentin et en Haute-Alsace, nos patrouilles ont pénétré dans les tranchées allemandes et ramené des prisonniers.
Sur le front italien, la lutte a repris dès l'aube sur le plateau d'Asiago. L'ennemi a concentré ses efforts sur l'extrême droite, entre le col Rosso et le val Frenzela, mais, contenu de face, il n'a pu dépasser les habitations de Sasso.
Les troupes de Costalonga et de Melago ont renouvelé plusieurs fois l'attaque sur le col de Rosso et sur le val Belia, qu'elles ont repris sans pouvoir cependant en conserver l'occupation.
Sur la gauche de la Brenta, une tentative d'attaque à l'ouest d'Osteria di Lepre a été promptement enrayée par les tirs de barrage.
L'amiral Jellicoe, qui était le chef effectif de la marine anglaise est promu à la pairie et remplacé par l'amiral Rosslyn Wemmis.

Vendredi 28 décembre
Sur la rive droite de la Meuse, la lutte d'artillerie s'est poursuivie au nord du bois des Caurières.
Il se confirme que l'attaque exécutée la veille par les Allemands dans cette région a été très violente. Après une très forte préparation d'artillerie, l'ennemi a lancé deux bataillons à l'assaut : nos feux les ont obligés à se disperser.
Au cours d'une deuxième tentative des éléments ennemis sont parvenus à aborder nos positions, mais ils en ont été aussitôt rejetés après un vif combat. Le nombre des cadavres ennemis restés sur le terrain, entre les deux lignes et dans nos fils de fer, témoigne de l'importance des pertes subies par les Allemands, qui ont laissé des prisonniers entre nos mains.
Dans la soirée, nos batteries ont pris sous leurs feux des troupes ennemies qui se rassemblaient au nord-ouest de Bezonvaux et les ont dispersées en leur infligeant des pertes.
Faible activité sur le front belge. Tirs d'artillerie dans la région de Dixmude.
Mauvais temps sur le front de Macédoine.
En Italie, combat aérien au-dessus de Trévise. Nos alliés ont abattu onze avions ennemis.
Czernin et Kuhlman, à Brest-Litowsk, ont remis leur réponse aux propositions russes. Ils préconisent la paix générale, refusent toutes réparations pécuniaires, et considèrent que toutes les questions de nationalités regardent exclusivement la politique intérieure des Etats.
M.Pichon a prononcé à la Chambre un important discours sur la situation extérieure.

Samedi 29 décembre
Actions d'artillerie dans la région du bois des Caurières.
En Lorraine, dans le secteur de Veho, après un bombardement d'une grande intensité, l'ennemi a tenté un coup de main qui a échoué.
En Haute-Alsace, une de nos patrouilles a ramené des prisonniers.
Sur le front britannique, activité de l'artillerie ennemie au nord de Saint-Quentin, vers Arras et Messines et à l'est d'Ypres. L'aviation a montré de l'activité pendant les interruptions des rafales de neige. Des clichés ont été pris, des bombes jetées sur divers objectifs, et un grand nombre de cartouches de mitrailleuses tirées sur les tranchées allemandes. Un appareil ennemi a été abattu.
Les pilotes britanniques ont jeté des bombes sur les cantonnements ennemis à proximité des lignes. Tous leurs appareils sont rentrés indemnes.
Sur le front portugais, vive activité d'artillerie et engagements réciproques de patrouilles.
En Macédoine, dans la vallée de la Cerna, deux compagnies ennemies qui franchissaient la rivière ont été prises sous le feu de notre artillerie.
Les Italiens ont mis des patrouilles ennemies en fuite dans le val Giudicaria et le val Lagarina.
Sur le plateau d'Asiago, une compagnie italienne a exécuté un heureux coup de main, capturant 1 officier, 26 hommes et du matériel.
Une patrouille a fait 37 prisonniers entre Lesina et Canove.
Des Caproni ont bombardé l'ennemi dans le val Roncho.
Canonnade de la Brenta à la côte.

Dimanche 30 décembre
Lutte d'artillerie moyenne sur la plus grande partie du front, assez vive dans la région de Beaumont, (rive droite de la Meuse).
Pas d'action d'infanterie.
Nos avions ont bombardé les gares de Mézières-les-Metz et de Thionville, ainsi que, les établissements ennemis dans la région de Vouziers et de Rethel.
Sur le front belge, canonnade peu intense.
Nos alliés ont bombardé les organisations ennemies des régions de Tervaete, Dixmude et Kippe, en représailles de tirs effectués sur leurs tranchées de premières lignes.
Activité de l'artillerie britannique sur un certain nombre de points au sud de la route d'Arras à Cambrai et dans la région de Lens. Recrudescence d'activité de l'artillerie ennemie dans le secteur d'Ypres, notamment sur le bois du Polygone, Passchendaele et Langemark.
Les aviateurs britanniques ont jeté 240 bombes sur quatre champs d'aviation allemands dans la région de Roulers et sur des cantonnements au sud de Lille. Ils ont, en outre, bombardé plusieurs trains.
Trois contre-torpilleurs anglais ont été torpillés ou ont coulé sur des mines au large de la côte hollandaise. Il y a 180 victimes. Des escadrilles aériennes allemandes et autrichiennes ont bombardé Trévise et Padoue. Dans cette dernière ville, les victimes sont assez nombreuses.

Lundi 31 décembre
Canonnade intermittente en quelques points du front.
Des coups de main ennemis sur nos petits postes au sud de Saint-Quentin, dans la région de Bezonvaux et de Vauquois, sont restés sans succès. Nous avons fait des prisonniers, dont un officier.
Trois avions allemands ont été abattus, dont un par le tir de nos canons spéciaux.
Sur le front britannique, à la suite d'une vive canonnade au nord-est d'ypres, l'ennemi a dirigé une attaque locale contre les positions de nos alliés de la voie ferrée d'Ypres à Staden.
Il a été entièrement rejeté par nos feux.
Un coup de main allemand a échoué au nord de Passchendaele.
Sur le front italien, on ne signale que des actions d'artillerie, plus vives dans le secteur du mont Tomba.
Des aviateurs anglais ont descendu un ballon captif ennemi à Pieve di Solego.
Des aviateurs ennemis ont renouvelé l'incursion sur Padoue, lançant sur la ville plus de vingt bombes explosives et incendiaires. Trois personnes ont été tuées et trois blessées. De nombreux dégâts ont été causés aux monuments et habitations privées.
Un conflit à surgi à Brest-Litowsk entre les délégués maximalistes et les plénipotentiaires des empires centraux au sujet de l'évacuation de la Pologne, de la Lithuanie et de la Courlande par les troupes austro-allemandes.